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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/215

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terai plus mon séjour ennuyeux à Londres, puisqu’il m’a conduite à une découverte qui peut devenir pour moi une source de satisfactions.



Dans ce moment, monsieur, je reçois votre lettre : — elle m’a déchiré le cœur. — Oui, c’en est fait, le charme est rompu ; je conviens que j’ai été dans l’erreur, que je me suis honteusement aveuglée. Depuis long-temps déjà l’état de mon cœur m’étoit une énigme ; j’ai craint de l’approfondir ; et dans le moment où je commençois à croire ma sûreté solidement établie, où j’espérois être à l’abri de toute crainte ; où je me flattois qu’il me seroit permis de sentir et d’avouer librement l’estime que m’inspire mylord Orville, dans ce même moment, j’ouvre les yeux et je reconnois mon tort.

Sa vue m’est funeste, sa société est le tombeau de ma tranquillité future. Ô mylord Orville ! aurois-je cru qu’une amitié si chère à mon cœur, — si consolante dans mes disgraces, — qu’une amitié qui, à tous égards, m’honoroit tant, — ne serviroit qu’à empoisonner mon bonheur futur ! Faut-il que ma re-