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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/216

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connoissance, que vous avez si justement méritée, devienne fatale à mon repos ?

Oui, monsieur, je le quitterai : que ne puis-je partir sur l’heure, sans le revoir, sans m’exposer aux nouvelles secousses dont mon cœur est menacé ! Oh ! mylord Orville, vous vous doutez bien peu des maux dont vous êtes l’auteur ! vous ne soupçonnez point que dans l’instant où vos attentions me donnèrent du relief, j’en étois plus à plaindre ? — que, dans l’instant même où j’étois fière des marques distinguées de votre amitié, je devois vous redouter comme mon ennemi !

Vous vous êtes fié, monsieur, sur mon inexpérience, — et moi, hélas ! je comptois sur vos directions. Souvent, quand je me doutois de la foiblesse de mon cœur, l’idée que vous ne vous en apperceviez pas me rassuroit, me rendoit le courage, et me confirmoit dans mon erreur. Je n’en suis pas moins sensible aux motifs qui vous ont engagé à garder le silence.

Hélas ! pourquoi vous ai-je quitté ! pourquoi ai-je été chercher des dangers si peu proportionnés à mes forces !

Mais j’abandonnerai ce séjour, —