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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/220

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Orville ; mais puisqu’on a décidé que mon séjour à Clifton seroit encore prolongé, il a fallu changer de plan. Je n’ai donc pu m’empêcher de reprendre mon train de vie précédent, et de reparoître ce matin en société. J’étois préparée, et je suis descendue dans la ferme résolution d’éviter le lord autant qu’il seroit possible. J’ai assisté au déjeûner, mais j’étois tout occupée de votre lettre, et la présence d’Orville me confondoit autant que s’il avoit été instruit de ce que vous m’avez écrit.

Madame Beaumont me fit compliment sur mon rétablissement, car j’avois prétexté une indisposition : lady Louise ne me dit pas le mot ; mais mylord Orville, qui se doutoit bien peu des raisons de mon absence, s’informa de ma santé avec cette politesse qui le distingue toujours. Je lui répondis en peu de mots, et pour la première fois je cherchai une place loin de lui.

Je remarquai que ma réserve le surprit beaucoup, et qu’il fit ce qu’il put pour l’écarter ; mais je tins ferme, et au lieu de m’amuser à la lecture ou à la promenade après le déjeûner, je n’eus rien de plus pressé que de remonter dans ma chambre.