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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/221

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Madame Selwyn vint m’y annoncer que mylord Orville lui avoit proposé de me faire prendre l’air, et qu’il s’offroit de nous conduire en phaéton. Le ton malin dont elle me rendit ce message me fit rougir ; elle ajouta qu’un tour de promenade dans l’équipage de mylord Orville, ne pouvoit manquer de me faire du bien. Il n’y a pas moyen d’échapper à la pénétration de cette femme ; elle m’a déjà raillée souvent sur les assiduités du lord, et sur le plaisir avec lequel, hélas ! je les reçois. Je déclinai totalement sa proposition.

« Votre complaisance, reprit-elle, m’est cependant nécessaire ; car, à dire vrai, j’ai des affaires qui demandent ma présence aux eaux. Je vous proposerais bien de m’y accompagner… mais… puisque mylord Orville est refusé, je n’ai pas la présomption de croire que je serai plus heureuse ».

Vous vous trompez, madame ; s’il s’agit de vous y suivre seule, je suis à vos ordres ».

« Quelle étrange coquetterie ! en vérité elle doit être innée à notre sexe ; car ce n’est pas à Berry-Hill que vous pouvez l’avoir étudiée ».

Je m’habillai sans lui répondre.