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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/225

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pai ainsi à la foule, mais je ne gagnai pas beaucoup au change. Nous n’avions pas fait dix pas, que nous nous vîmes poursuivies par une bande de jeunes gens, qui s’annonçoient assez incivilement ; ils vinrent nous regarder en face, puis se retirèrent, et se permirent entr’eux des réflexions aussi absurdes qu’indiscrètes. « Oui, c’est elle, s’écria l’un, remarquez la rougeur sur le front — Sans doute, reprit un second, ce sont bien-là ses yeux baissés. — La beauté siégeant sur son visage, ajouta un troisième. — Et son esprit ? — Ah ! c’est là le grand nœud ; je parie qu’elle ne dira pas deux mots. — Pure timidité, mon ami, ne savez-vous pas son air timide » ?

Tels furent les propos que nous essuyâmes en continuant tranquillement notre chemin, et en nous hâtant d’échapper aux traits de ces observateurs impertinens.

La pluie nous surprit, et ces messieurs s’empressèrent de nous offrir leurs bras : deux sur-tout se distinguèrent par leurs importunités envers moi ; et dans un mouvement que je fis pour les éviter, j’eus la mal-adresse de me laisser tomber. Ils aidèrent à me relever ; et pen-