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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/228

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té. On m’avoit fait craindre que vous ne fussiez indisposée ; mais jamais je ne vous vis plus fraîche et plus belle ».

L’arrivée de madame Selwyn me dispensa d’une réponse. Elle connoît sir Clément, et, à en juger par l’accueil qu’elle lui fit, il est fort dans ses bonnes grâces.

« Savez-vous bien, miss, me dit-elle, que vous êtes en danger à Bristol ? Les femmes y sont en guerre ouverte avec vous : toute l’assemblée est en rumeur, et c’est vous, malgré votre air d’innocence, qui causez ces troubles. Soyez sur vos gardes, si vous voulez m’en croire ».

« Et de quoi s’agit-il, madame » ?

« Il y court des couplets, qu’on a lus publiquement en ma présence ; les beautés de Bristol y sont nommées, et c’est vous qui en êtes la Vénus, à qui on adjuge le prix ».

« Et n’avez-vous point vu ces couplets ? interrompit sir Clément ».

« En vérité, monsieur, je ne savois pas seulement qu’ils existassent.

Madame Selwyn. « N’allez pas du moins m’en attribuer l’invention ; c’est un honneur que je ne mérite point ».

Sir Clément. « J’ai copié dans mes