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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/235

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qu’il sembloit compter sur moi ce soir.

Je ne descendis qu’à l’heure du dîner, après que tout le monde fut déjà assemblé. Orville fut étonné de me voir parée, et moi-même j’en étois honteuse. « N’ai-je pas compris, demanda madame Beaumont, que miss Anville ne sortirait pas aujourd’hui » ?

« Oui, répondit madame Selwyn, c’étoit son plan ce matin ; mais il y a dans cette assemblée une espèce de pouvoir magique, auquel on ne résiste pas ».

Lord Orville ne put s’empêcher de témoigner sa surprise. On se mit à table ; il m’en coûta d’abandonner mon ancienne place à côté du lord ; les efforts que je fis pour l’éviter, le déconcertèrent visiblement ; cependant j’ai tenu ferme, et je suis demeurée fidelle à la promesse que je vous ai donnée dans ma lettre d’hier.

Après le dîner, nous passâmes tous dans la salle à visites, où il me fut impossible d’échapper à mylord Orville : « Vous allez donc tout de bon, me dit-il, à l’assemblée ? — Et danserez-vous aussi » ?

« Je l’ignore, mylord ».

« Si je ne craignois que vous ne fussiez ennuyée d’avoir deux fois de suite le