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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/236

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même cavalier, j’aurois l’honneur de vous demander votre main ; les lettres que j’ai à écrire peuvent être remises jusqu’à demain ».

« Si je dois danser nécessairement, je suis déjà à moitié engagée ».

« Et avec qui, si j’ose le savoir » ?

« Avec sir Clément Willoughby ».

Ce nom lui ferma la bouche ; il parut mécontent, et ne me parla plus de toute l’après-dînée. — Ah ! monsieur, je n’étois pas non plus dans une assiette bien agréable.

Sir Clément ne manqua pas d’arriver de très-bonne heure pour nous conduire à l’assemblée, et d’abord en entrant il renouvela ses importunités ; il s’assit à côté de moi, et ne cessa de m’accabler de ses fadeurs.

Mylord Orville ne desserra point les dents ; il me fixa d’un air sérieux et pensif, et il baissa les yeux aussi souvent que je tournois les miens sur lui.

Sir Clément sortit de sa poche un papier plié qu’il me présenta, en ajoutant d’une voix basse : « Voici, aimable miss Anville, un foible portrait de celle que j’adore : vous trouverez ces couplets bien au-dessous du sujet ; mais, tels qu’ils sont, je porte encore envie à