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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/243

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J’ai passé la nuit à vous écrire ; j’étois trop sûre de ne pas dormir, pour penser à me coucher. Dites-moi, mon cher monsieur, s’il est possible que vous approuvez ma conduite, — que vous autorisez mon changement, — que j’ai raison de fuir mylord Orville et d’éviter ses égards ? — Dites-le-moi, je vous en prie, et je me consolerai d’un tel sacrifice au milieu de mes regrets ; car, je ne le déguise point, jamais je ne cesserai de regretter son amitié ; — je l’ai perdue ; — je l’ai foulée aux pieds. — N’importe, ces liaisons honorables n’étoient pas faites pour moi, et m’exposoient à des dangers inévitables.

D’après les conseils que vous m’avez donnés, monsieur, je ne pense plus qu’à me gouverner avec toute la sagesse possible ; j’ai à combattre la foiblesse de mon cœur, et les afflictions auxquelles je suis souvent en proie ; mais j’espère de les vaincre : si je succombe, je ne serrai du moins pas coupable par ma faute. Le desir de bien faire contient en moi toute autre passion, en tant qu’elle pourroit influer sur ma conduite. Et ne le dois-je pas, moi qui suis votre fille, formée par vos soins ? Oh ! mon père et mon ami, je dois l’avouer, mes senti-