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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/256

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Le 4 octobre.

Hier matin, tout le monde sortit en voiture, et je restai seule au logis avec madame Selwyn : je m’étois arrêtée un moment dans sa chambre, mais je m’en suis éclipsée au plus vite. Je crains la conversation de cette dame ; elle prend plaisir à me plaisanter impitoyablement, soit sur mon sérieux, soit sur le compte de mylord Orville.

En sortant de chez elle, je me suis rendue dans le jardin, où j’ai passé une grosse heure ; j’étois assise dans un berceau au bout de la grande allée, absorbée dans mes conjectures sur l’avenir, quand tout-à-coup je fus interrompue par sir Clément Willoughby.

Je l’attendois peu, et il a su certainement que j’étois dans le jardin, car il ne vient guère s’y promener seul. Dès que je le vis arriver, je me préparai à m’en aller ; mais il me cria de loin : « Arrêtez, la plus aimable des femmes, j’ai un mot à vous dire » ; et il n’eut rien de plus pressé que de s’asseoir à côté de moi.

« Et pouvez-vous, continua-t-il, me refuser une légère faveur, quand j’achète si cher la douceur de vous voir ?