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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/277

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noux, oui, je vous laisserai, si vous le voulez ainsi ».

« Que faites-vous, mylord ? au nom du ciel, levez-vous. Mylord Orville à mes genoux ! Non, je ne vous croyois pas assez barbare pour vous jouer de moi ».

« Me jouer de vous ! ah ! que j’en suis éloigné ! Non, miss ; je vous estime, je vous admire, je vous respecte plus que personne au monde. Vous êtes l’amie que mon cœur s’est choisie, et à laquelle il rapporte tout son bonheur. Vous êtes la plus aimable et la plus parfaite des femmes, et vous m’êtes mille fois plus chère que mes paroles ne sauroient l’exprimer ».

Je n’entreprendrai point de vous décrire, monsieur, ce que je sentis dans ce moment ; je respirois à peine, je doutois presque si j’étois en vie, tout mon sang se glaça dans mes veines, et je n’eus plus la force de me soutenir. Mylord Orville se releva en sursaut ; il approcha un fauteuil, et j’y tombai presque sans connoissance.

Nous restâmes plusieurs minutes sans parler. Mylord Orville me voyant cependant un peu revenue, rompit le silence ; il me demanda pardon en bégayant