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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/281

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où vous appartiendrez seule au fidèle Orville ».

Je fis un nouvel effort pour rompre cette conversation, et je sortis pour m’enfermer dans ma chambre. J’étois trop agitée pour rejoindre madame Selwyn. Quelle scène, mon cher monsieur ! l’entrevue qui se prépare pour demain ne sauroit m’affecter davantage. — Être aimée de mylord Orville ; — être honorée du choix d’un cœur tel que le sien, — oh ! ce bonheur est trop grand pour moi : j’en ai pleuré de joie ; j’en ai pleuré à chaudes larmes.

Dans cette heureuse inquiétude, j’attendis l’heure du goûter. Il fallut redescendre ; et, à ma grande satisfaction, je trouvai la salle remplie de monde : on en remarqua moins ma confusion.

On joua jusqu’à l’heure du soupé ; mylord Orville mit ce temps à profit pour m’entretenir en particulier.

Il observa que j’avois les yeux rouges, et il me pressa de lui en dire la raison : quand je lui eus fait l’aveu de ma foiblesse, mes larmes étoient prêtes à couler encore, tant il mit de bonté dans les expressions de sa reconnoissance.

Il voulut aussi savoir si mon voyage ne souffroit point de délai ? Je lui répondis