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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/287

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d’arriver dans ma chambre, j’entendis madame Selwyn qui me crioit d’en bas : « Miss Anville, si vous allez à la promenade, je vous accompagnerai ; dites, s’il vous plaît, à Jenny qu’elle m’apporte mon chapeau ».

Pour éviter ce contre-temps, je me glissai, sans être vue, dans l’antichambre, où je me proposois d’attendre tranquillement jusqu’à ce que madame Selwyn eût pris d’autres arrangemens ; mais, ce projet réussit mal, et je fus interrompue par sir Clément Willoughby.

Au moment où cette visite me survint, je tenois à la main la lettre que je voulois montrer à mylord Orville : j’eus la maladresse de la laisser tomber, et sir Clément, plus alerte que moi, s’empressa de la relever ; il alloit me la rendre, quand, par un malheureux hasard, il remarqua la signature ; il se mit à lire tout haut le nom d’Orville.

Piquée de cette indiscrétion, je voulus lui arracher la lettre, mais il eut la hardiesse de me la refuser ; et comme il vit que je la redemandois avec quelque vivacité, il osa me dire : « Bon Dieu ! miss Anville, se peut-il que vous attachiez tant de prix à cette épître » ?

Cette question impertinente ne méri-