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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/290

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vous faut des témoins de votre triomphe ; qu’ils viennent ! mais vous rassembleriez ici l’univers entier, que je ne vous quitterois pas avant que vous m’ayez répondu. Encore une fois Orville sait-il que vous l’aimez » ?

En tout autre temps, une question aussi brusque m’auroit embarrassée ; mais, dans ce moment-ci, elle m’intimida, et je me contentai de répondre aux extravagances de sir Clément, que, dans la suite, peut-être je pourrois satisfaire sa curiosité, mais que, pour le présent, je le priois de me laisser.

« Il suffit, reprit-il, je vous entends : l’artifice d’Orville l’emporte ; j’ai été la dupe de son sang-froid et de son flegme, et vous l’avez rendu le plus heureux des hommes. — Encore un mot, et je finis. — Vous-a-t-il promis de vous épouser » ?

Le monstre ! cette question insolente me fit rougir d’indignation ; j’eus assez de fierté pour ne pas répondre.

« Je vois clair maintenant, je suis perdu pour toujours ». En prononçant ces paroles, il se frappa le front de la main, et se promena à grands pas et dans une extrême agitation.

Il ne dépendoit plus que de moi de