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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/307

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tère atroce d’un Néron et d’un Caligula ». Il essaya plusieurs fois de tourner mes insinuations en plaisanterie ; mais je poursuivis à lui représenter, avec toute la fermeté possible, l’énormité de son crime : mes reproches le piquèrent au vif, et il s’écria avec autant de vivacité que d’impatience :

« Arrêtez, madame, je n’ai besoin des conseils de personne, dans l’affaire dont il s’agit. — Réparez donc vos torts, repris-je, vous en avez le pouvoir. Votre fille n’est pas loin d’ici, elle demeure à Clifton ; faites-la venir ; avouez à la face de l’univers la légitimité de sa naissance, et justifiez ainsi la réputation d’une épouse trop long-temps outragée. — Madame, m’a-t-il répliqué, vous vous trompez si vous soupçonnez que j’aie attendu l’honneur de votre visite pour m’acquitter de la réparation que je devois au souvenir de cette dame infortunée ; son enfant a été l’objet de mes soins depuis sa plus tendre enfance ; je l’ai recueillie dans ma maison, elle porte mon nom, et elle sera mon unique héritière ». Ce récit me parut pendant un moment trop absurde pour mériter une attention sérieuse, mais sir Belmont m’assura très-fortement que c’étoit à moi à qui on en