Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/308

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avoit imposé, puisque la femme même qui avoit soigné lady Belmont dans sa dernière maladie avoit conduit sa fille à Londres, et la lui avoit remise, avant qu’elle eût atteint l’âge d’un an. « Dans ce temps-là, continua-t-il, je n’étois guère disposé à confirmer le bruit qui s’étoit répandu de mon mariage ; je fis donc partir ma fille pour la France, et je lui donnai pour surveillante la femme qui me l’avoit amenée. Lorsque cette enfant fut parvenue à un âge plus avancé, je l’ai fait entrer dans un couvent, où elle a reçu une éducation convenable à son état ; je viens de la retirer, et elle vit actuellement dans ma maison, où elle jouit du titre et des droits d’un enfant légitime. De cette manière je crois avoir payé à la mémoire de sa mère le tribut qui lui étoit dû ; je pense qu’il m’a coûté assez cher ». Ce récit avoit tout l’air d’une fable, et je ne me fis aucun scrupule de dire à sir Belmont que je n’en croyois pas le mot. Il tira la sonnette pour demander son perruquier, et me fit ses excuses de ce qu’il étoit obligé de me quitter ; mais il m’invita de reprendre ma visite demain matin, qu’alors il se proposoit de me faire faire la connoissance de miss Belmont, au lieu de me