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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/313

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vraisemblablement avoit écouté une grande partie de notre conversation. « Oui, ma chère, me dit-elle, toujours ce goût champêtre ; je croyois que depuis long-temps vous aviez quitté cette retraite solitaire, et je vous ai cherchée dans toute la maison. — Mais je comprends maintenant ; le moyen le plus sûr de vous trouver, c’est de s’informer de mylord Orville. Que je ne trouble pas au reste vos méditations ; vous composiez sans doute quelque pastorale ». Et après nous avoir tenu ce propos piquant, elle se retira.

Je voulus sortir du berceau, mais mylord Orville me prévint ; « Permettez, me dit-il, que j’aille suivre moi-même madame Selwyn ; il est temps de mettre fin à ses conjectures, je lui parlerai à cœur ouvert, si vous y consentez ». Je ne m’y opposai point, et il me quitta. Pour moi, je retournai dans ma chambre, et j’y restai jusqu’à l’heure du dîné. Après le repas, madame Selwyn me demanda un moment d’entretien. Dès que nous fûmes seules, elle me présenta une chaise, et me pria de m’asseoir, en m’appelant Milady.

Je la suppliai de m’épargner.

« La pauvre petite innocente ! reprit-