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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/312

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l’obscurité, — j’irai retrouver mon ami, mon meilleur, mon unique ami, et je verserai dans son sein tous mes chagrins. — Vous, mylord, vous placerez mieux… ».

Je n’eus pas la force d’achever ; mon cœur frémit de l’arrêt que j’allois prononcer contre moi, et ma bouche s’y refusa.

« Non, jamais, s’écria mylord Orville avec chaleur ; mon cœur vous appartient, et je vous jure un attachement éternel. Après ce que vous m’avez dit, madame, je dois m’attendre au récit le plus affligeant des cruautés qu’on vous a fait souffrir, j’y suis préparé ; mais je suis convaincu d’avance que, quelles que soient vos disgraces, vous n’en avez mérité aucune. Oui, miss Anville, vos malheurs vous rendent plus chère à mon cœur. Puis-je savoir où je trouverai cet ami généreux, dont vous m’avez enseigné à respecter les vertus ; je volerai vers lui, je lui demanderai son consentement à notre union, et des liens indissolubles joindront désormais nos destinées : mon unique étude sera de vous faire oublier vos maux passés, et de vous venger de l’injustice du sort ».

Je me proposois de répondre au lord, quand j’apperçus madame Selwyn, qui