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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/32

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s’accommodoit guère avec mes principes : j’attachois trop de prix à l’amitié, pour en ravaler la dignité par des obligations pécuniaires.

Nous entretînmes pendant deux ans une correspondance suivie, dans laquelle nous nous confiâmes tous nos secrets. Mon ami ayant achevé ses courses, m’écrivit de Lyon qu’il alloit retourner en Angleterre, et me pressa de venir le joindre à Paris, où il se proposoit de faire quelque séjour. Le désir de le revoir après une si longue absence, m’engagea à solliciter le consentement de ma mère : elle eut l’indulgence de souscrire à ma demande ; elle parvint à fournir aux frais de mon voyage, et je partis pour la France.

Le moment où j’embrassai cet ami de cœur fut le plus heureux de ma vie. Il m’introduisit dans plusieurs bonnes maisons ; et les six semaines que j’avois destinées à mon absence, étoient écoulées sans que je m’en fusse apperçu. Je dois avouer cependant que la société de mon ami n’étoit pas le seul sujet de ma félicité. Je fis la connoissance d’une demoiselle, fille d’un Anglais de distinction, et je pris avec elle des engagemens dont je lui jurai mille fois l’éternelle durée.