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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/33

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Elle sortoit justement du couvent, où elle avoit été mise fort jeune ; et, quoique née en Angleterre, elle ne parloit pas même la langue de son pays. Sa figure et son caractère étoient également aimables ; mais ce qui me la rendit sur-tout infiniment chère, ce fut la générosité avec laquelle elle s’offrit à renoncer en ma faveur aux plus belles espérances.

Le moment de mon départ étant arrivé, l’idée terrible de quitter l’objet de ma tendresse m’affligeoit nuit et jour. Je n’eus pas le courage d’informer son père de nos liaisons. Il pouvoit se flatter raisonnablement de procurer à sa fille un établissement avantageux, et il n’auroit pas manqué de rejeter avec mépris l’offre de ma main. En attendant, je conservois un libre accès dans la maison ; ma maîtresse y étoit confiée à la direction d’une vieille gouvernante, que j’avois réussi à mettre dans mes intérêts.

Enfin, un jour que son père étoit sorti, il rentra l’après-dînée au moment où nous y pensions le moins ; et c’est l’époque de la misère à laquelle j’ai été depuis en proie. Il avoit vraisemblablement écouté notre conversation ; car il se jeta