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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/325

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cret qui a été gardé sur mes affaires de famille, la retraite dans laquelle j’ai vécu, toutes ces circonstances conspiroient à favoriser cette imposture, quelque hardie qu’elle ait été d’ailleurs ; en un mot, ce soupçon ne fut pas plutôt conçu, qu’il trouva pleine croyance.

Madame Selwyn fut d’avis qu’il ne falloit point perdre de temps pour approfondir cette conjecture ; et d’abord après le dîner elle retourna chez sir Belmont, accompagnée de madame Clinton. J’attendis dans ma chambre le résultat de cette nouvelle démarche : voici, monsieur, ce que j’en ai appris.

Madame Selwyn trouva mon père dans la plus grande agitation. Elle a commencé par le mettre au fait des motifs qui l’ont engagée à reprendre si-tôt sa visite ; elle lui a parlé ensuite de ses soupçons contre la femme qui a prétendu lui remettre la fille de feu lady Belmont. À ces mots il l’a interrompue avec vivacité : il a dit que, revenu de sa première altération, et frappé de mon extrême ressemblance avec sa défunte épouse, l’idée d’une supercherie s’étoit d’abord présentée à son esprit ; qu’en conséquence il avoit fait appeler cette femme, et qu’il venoit de l’examiner sé-