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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/326

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vèrement ; qu’elle avoit pâli et paru excessivement embarrassée, en protestant pourtant toujours qu’elle étoit innocente, et que l’enfant qu’elle lui avoit remis étoit effectivement celui de feu lady Belmont. Mon père a ajouté que cet événement le jetoit dans le plus grand accablement ; que de tout temps il avoit été surpris de trouver à sa fille si peu de ressemblance avec ses parens ; mais que n’ayant jamais soupçonné la bonne-foi de la nourrice, il ne s’étoit point arrêté à cette circonstance.

Madame Selwyn demanda qu’on fît revenir cette femme : on l’interrogea avec autant de subtilité que de sévérité ; sa confusion fut manifeste, et elle se coupa plusieurs fois dans ses réponses ; mais elle n’en persista pas moins à soutenir qu’elle n’étoit coupable d’aucune fourberie.

« La chose est facile à vérifier, a dit alors madame Selwyn ; qu’on fasse monter madame Clinton ». À ce nom, la pauvre malheureuse a changé de visage et cherché à se sauver ; mais on l’en a empêchée, et voyant que ses défaites devenoient inutiles, elle s’est jetée à genoux pour demander pardon, et a tout avoué.