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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/327

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Vous vous remettez sans doute, mon cher monsieur, la femme Green, ma première nourrice ; c’est elle-même qui a tramé cette indigne menée. Le plan en fut formé d’après une conversation qu’elle a épiée, et dans laquelle ma mère vous recommanda l’éducation de son enfant, et vous pria sur-tout, dans le cas qu’elle accouchât d’une fille, de lui vouer un soin particulier, et de ne pas la perdre trop tôt de vue. Vous en donnâtes votre parole, et de plus, vous promîtes à ma mère de vous retirer avec votre élève à la campagne, si le père la redemandoit avec instance. La Green pensa à tirer parti de cette découverte ; elle ne put résister à la tentation d’approprier à sa jeune fille une fortune dont elle voyoit qu’on faisoit si peu de cas pour moi. Elle suivit cette idée, et ce qui lui avoit paru d’abord un souhait passager, devint bientôt un projet auquel elle travailla sérieusement. Elle avoit perdu son mari, et sa fille étoit actuellement l’unique objet de ses soins : le séjour de mon père lui étoit connu, elle rassembla de quoi fournir aux frais du voyage, et, après avoir répandu dans le voisinage qu’elle alloit s’établir dans le Devonshire, elle par-