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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/348

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qu’elle implore : accordez-la-lui, et sa vue ne vous sera plus à charge ».

« Hélas ! je suis indigne de te bénir ; — indigne de te nommer ma fille, — indigne de voir le jour. — Ô Dieu ! que ne puis-je rappeler le passé, me mettre à l’époque de ta naissance, — ou du moins que ne puis-je anéantir un souvenir si cruel » !

« Plût au ciel que ma présence vous fût moins odieuse, qu’au lieu d’irriter vos chagrins, elle pût les adoucir ! Ah ! monsieur, avec quelle gratitude je vous prouverois mon attachement, même aux dépens de ma vie ».

« Sont-ce là tes sentiment ? viens, mon Évelina, lève-toi, c’est à moi de tomber à genoux. Oui, on me verroit à genoux, — ramper comme un ver, — me rouler dans la poussière, si par cette humiliation je pouvois expier ma faute, obtenir par ta bouche le pardon d’une épouse que j’ai outragée » !

« Ah ! monsieur, lisez mieux dans mon cœur : — Ah ! si vous y voyiez toute l’étendue de ma tendresse filiale, tout l’intérêt que je prends à vos peines, vous m’épargneriez ces discours déchirans, — vous ne me menaceriez plus de me ban-