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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/349

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nir de votre présence, de me retirer votre amour ».

« Se peut-il, mon enfant, que tu ne me haïsses point ? La fille de l’infortunée Caroline peut-elle me voir sans me détester ? n’es-tu pas née pour m’avoir en exécration ; élevée pour me maudire, ta mère ne t’a-t-elle pas laissé sa bénédiction, à condition que tu m’aurois en horreur » ?

« Non, non, jugez mieux d’elle, jugez mieux de moi-même ». Je tirai alors de mon portefeuille la lettre de ma mère, et, après l’avoir pressée de mes lèvres, je la présentai à sir Belmont.

Il me l’arracha avidement : « Donne, c’est son écriture ; — d’où vient cette lettre ? — de qui la tiens-tu ? — pourquoi ne l’ai-je pas reçue plutôt » ?

Je ne répondis point à ces questions ; leur impétuosité m’intimida, et je continuai à garder la posture respectueuse que j’avois prise.

Il s’approcha d’une des croisées, où il demeura sans parler, les yeux fixés sur l’adresse de la lettre : il trembloit comme une feuille ensuite il revint vers moi ; » Ouvre-la, dit-il, car je ne puis ».

À peine avois-je moi-même assez de force pour lui obéir. Je rompis cepen-