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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/350

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dant le cachet ; il reprit la lettre, et comme s’il n’avoit osé la lire, il se promena à grands pas dans la chambre : « Sais-tu ce qu’elle contient, me demanda-t-il » ?

Non, monsieur ; elle n’a jamais été ouverte ».

Il se prépara enfin à la lire, et après l’avoir parcourue rapidement, il leva les yeux vers le ciel, la lettre lui tomba des mains, et il s’écria : « Oui, ma Caroline, tu triomphes dans le séjour des saints, — tu seras heureuse pendant toute l’éternité, — et moi je suis perdu pour toujours » ! Il se tut un instant, puis, succombant tout-à-coup à son désespoir, il se jeta par terre en s’écriant : « Malheureux que je suis, indigne de vivre et de voir lumière ! dans quel cachot irai-je me cacher » !

Il me fut impossible de me retenir plus long-temps, j’allai vers lui, et n’osant parler encore, j’employai mes larmes et mes caresses pour soulager sa douleur. Il se releva et reprit la lettre : « Tu veux que je te reconnoisse, chère Caroline ! oui, tu seras satisfaite, dût-il m’en coûter la dernière goutte de mon sang. Oh ! que n’es-tu témoin des horreurs dont mon ame est déchirée ! tous