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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/387

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nera l’œuvre ; mon singe sera plus honnête une autre fois, je me charge de vous réconcilier ».

M. Lovel. « Je m’étonne que madame Beaumont souffre qu’un homme comme moi soit traité chez elle de la sorte ».

Le capitaine. « Voilà bien du tapage pour une misère, pour un bout d’oreille : on croira tout au plus que vous avez été au pilori ».

Madame Selwyn. « Mais, sans doute, et cette cicatrice peut encore vous faire honneur ; on vous prendra pour un écrivain du parti de l’opposition ».

M. Lovel. « Comme me voilà accommodé ! mon habit de cheval, que j’avois mis pour la première fois, est tout ensanglanté » !

Le capitaine. « Voilà ce que c’est que de réfléchir une heure sur sa toilette ».

M. Lovel s’étant approché ensuite du miroir, recommença ses lamentations. « Quelle horrible blessure ! je n’en guérirai jamais, et je n’oserai plus me montrer avec une oreille dans cet état ».

Le capitaine. « Il ne tient qu’à vous de la cacher en portant perruque ».

M. Lovel. « Moi, prendre perruque ! — jour de ma vie, je ne le ferois pas pour mille livres sterlings par heure ».