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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/40

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me menacèrent de me jeter en prison, si je ne les satisfaisois incessamment. Leur dureté me perça le cœur ; je les priai de prendre patience jusqu’au lendemain, et je les quittai dans un accablement difficile à exprimer.

Je réfléchis alors que ma lettre arriveroit trop tard pour me sauver de l’ignominie dont j’étois menacé ; je la déchirai, et à peine pus-je prendre sur moi de prolonger d’une minute ma malheureuse existence.

Dans le désordre de mon esprit, je conçus l’horrible dessein de faire le métier de voleur de grand-chemin ; je retournai au logis pour travailler à l’exécution de ce projet ; je ramassai celles de mes nippes dont je pouvois me passer le plus aisément, je les vendis, et j’achetai, de l’argent que j’en tirai, une paire de pistolets, de la poudre et des balles. Mon intention n’étoit pas cependant d’employer ces armes contre les passans que je me proposois d’attaquer ; je ne voulois m’en servir que pour les effrayer, ou même pour me délivrer d’une punition infamante, au cas que j’eusse le malheur d’être arrêté. Mon intention étoit de me procurer l’argent nécessaire pour payer M. Branghton, et pour re-