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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/41

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tourner en Écosse ; après quoi je me flattois de découvrir, par les papiers publics, les personnes que j’aurois dépouillées, et de leur restituer ce que je pourrois leur avoir enlevé. Projet également horrible et insensé !

Incapable de commettre une bassesse, je n’envisageois qu’en tremblant l’exécution de mon plan ; je me soutenois à peine en rentrant chez moi : les Branghton ne s’apperçurent point de mon trouble.

Je termine ici mon récit ; vous savez, madame, mieux que moi, ce qui s’est passé dans la suite. Mais pourrois-je jamais oublier ce moment, où, prêt à commettre le crime, je disposois ces armes qui étoient destinées, ou à ravir le bien d’autrui, ou à me donner la mort, vous vous précipitâtes dans ma chambre, pour retenir mon bras ! Ce moment étoit auguste ! Le doigt de la providence sembloit me séparer encore de l’éternité ! Vous me parûtes un ange descendu des cieux ! Mon désordre, et, s’il m’est permis de l’ajouter, la beauté éclatante de votre figure, contribuèrent à rendre l’illusion complète.

Maintenant, madame, après m’être acquitté de la tâche qui m’étoit imposée