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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/42

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envers vous, il m’en reste une à remplir qui me dédommagera de ce que la première a de pénible ; c’est de vous remercier, autant que je le puis, de votre bienfait généreux : soyez sûre que j’en ferai un bon usage. Vous avez dessillé mes yeux ; je reconnois le faux orgueil qui m’a guidé jusqu’ici : à quel excès ne m’a-t-il point conduit ? Je méprisois les secours d’un ami, tandis que j’étois résolu de recourir aux moyens les plus déshonorans pour en extorquer d’un inconnu, aux risques de le réduire par-là à une situation aussi misérable que la mienne ! et dans le moment même où vous m’offrîtes vos bienfaits, quel combat cruel, n’eus-je pas à soutenir, avant que de me résoudre à les accepter ? Tels sont les sentimens avec lesquels je reçus vos dons.

J’ai remis entre les mains de M. Branghton une bague que je tiens d’une mère, dont le souvenir m’est infiniment cher : ce bijou garantit le montant de ma dette. Le présent que vous m’avez fait, madame, suffira pour mon entretien, jusqu’à ce que je reçoive des nouvelles de mon ami, auquel je viens d’écrire. Le parent que j’attends ici ne sauroit, d’ailleurs, différer son retour de long-temps.