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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/47

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ou à me tenir des propos doucereux, également choquans.

Un jeune officier entr’autres eut la hardiesse de me prendre par la main, en me disant : « Vous êtes jolie, ma petite, et je vous engage dans ma compagnie ».

Je m’arrachai d’entre ses bras, et me réfugiai vers deux dames qui passoient dans ce moment ; je les suppliai de m’accorder leur protection.

Elles me reçurent avec un grand éclat de rire. « Venez parmi nous », me répondirent-elles, et elles prirent mes deux bras.

« D’où peut vous venir une telle frayeur » ? continuèrent-elles d’un ton ironique. Je leur racontai ingénument ce qui venoit de m’arriver, et je les priai de m’aider à chercher mes amis.

« Oh ! vous n’en manquerez pas, ma chère, tant que vous serez avec nous. » Je les assurai que les miens reconnoîtroient obligeamment les services qu’elles voudroient bien me rendre. — Mais, monsieur, je ne tardai pas à me convaincre dans quelles mains j’étois tombée ; les éclats perpétuels de ces femmes, leur conversation, leurs manières, tout me prouva que je n’avois à atten-