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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/48

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dre d’elles qu’insultes et déshonneur. Jugez de ma situation !

Je guettois le moment où je pourrois échapper à ces deux méchantes créatures. Elles me firent mille questions : qui j’étois ? d’où je venois ? etc. Je leur fis des réponses vagues. Mais quelle fut ma consternation, quand je vis arriver mylord Orville qui s’avançoit vers nous ? Je ne saurois vous exprimer tout ce que je sentis dans ce moment ; quand même j’aurois eu le malheur d’être tombée dans l’état de dégradation que mes compagnes pouvoient faire soupçonner, je n’aurois pu sentir davantage ma honte.

Heureusement le lord passa outre sans faire attention à nous : je crus cependant remarquer qu’il jeta un coup d’œil de notre côté.

L’une de ces femmes me demanda si je connoissois ce jeune homme ? Je lui dis que non, pour éviter toute explication.

Quelques minutes après, j’entendis, à ma grande satisfaction, la voix de M. Branghton : « Dieu soit loué ! m’écriai-je, voici quelqu’un de notre partie », et aussi-tôt je le joignis pour prendre son bras. Je remerciai les deux femmes de leur politesse, et leur fis entendre