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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/53

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de circonstances fâcheuses ! Mais je ne veux point vous fatiguer par les réflexions humiliantes qui se présentent en foule à mon esprit. Peut-être viendra-t-il me faire la visite qu’il m’a promise, et alors je saisirai sûrement cette occasion pour lui expliquer tout ce que mon aventure offre de choquant. Cependant, comme je ne lui ai point indiqué au juste la maison que nous habitons, il aura de la peine à me découvrir. Je lui ai dit simplement que je demeurois dans Holborn, et l’embarras de ma réponse l’empêcha de me demander d’autres renseignemens. Que faire ? il faut prendre mon mal en patience.

En attendant, je dois rendre justice à mylord Orville, et je suis confirmée plus que jamais dans la haute idée que j’ai toujours eue de son honnêteté et de sa délicatesse. Quelle différence entre sa conduite et celle d’un sir Clément Willoughby ! il avoit pour le moins autant de sujet que celui-ci de prendre mauvaise opinion de moi : cependant, avec quelle circonspection ne m’a-t-il pas traitée ? Et s’il parut surpris de me trouver dans une situation aussi peu conforme à celle où il m’avoit vue précédemment, du moins il ne s’en est pas