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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/52

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lui aurois d’abord expliqué le mystère, je lui aurois avoué par quel étrange hasard je m’étois trouvée dans cette horrible société ; — mais je ne sais jamais ce que je fais.

Je n’ai guère d’autres particularités à vous marquer du reste de la soirée. Cette rencontre fatale absorba toutes mes pensées, et elle sera également le seul objet dont je vous entretiendrai aujourd’hui. Les deux malheureuses qui m’avoient tourmentée toute la soirée, continuèrent à nous être fort à charge, et elles s’amusèrent surtout à tourmenter le jeune Brown. Nous ne fûmes débarrassées d’elles qu’à l’arrivée, de M. Branghton, qui, par ses manières polies, parvint bientôt à les chasser. Nous nous retirâmes peu après.

Quelles que soient les conjectures de mylord Orville sur cette affaire, elles ne sauroient manquer de tourner à mon désavantage. M’avoir trouvée avec des femmes de cette espèce, quelle honte ! Jusqu’ici j’ai toujours eu la vanité de souhaiter qu’il ne me vît point avec les Branghton et madame Duval, et maintenant je me croirois trop heureuse de n’avoir pas paru devant lui en bien plus mauvaise société. — Joignez à cela l’adresse de ma demeure : quel concours