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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/73

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m’aviez chargé de lui faire vos complimens ».

« Mais, qui vous en a prié » ?

« Ah ! j’ai fait tout cela de ma propre tête, pour le persuader d’autant plus que c’étoit vous qui m’envoyiez chez lui. Mais j’aurois dû commencer par vous dire que les gens de mylord m’avoient conté qu’il alloit demain hors de ville, et qu’il se proposoit de faire de grandes emplettes pour le mariage de sa sœur : alors le voyant si affable, il me vint dans l’esprit de lui offrir mes services : Nous nous recommandons, mylord, lui dis-je, au cas que vous n’ayez pas encore donné votre parole ; mon père est orfèvre, et il sera fier s’il vous plaisoit de lui accorder votre pratique. Miss Anville, qui est notre cousine, vous en aura obligation ».

« Vous me poussez à bout, m’écriai-je, en sautant de ma chaise ; vous m’avez fait un sanglant affront, et je ne veux plus entendre parler de vous ». Je me retirai aussi-tôt dans ma chambre.

J’étois furieuse et dans une espèce de délire ; je me crus perdue sans ressource dans l’esprit du lord Orville : l’espérance dont je m’étois flattée, de le revoir et de me justifier à ses yeux, s’évanouissoit