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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/74

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avec le projet du voyage qu’il alloit entreprendre ; il ne me restoit que la crainte de demeurer pour toujours l’objet de son mépris.

Cette idée étoit un coup de poignard pour mon cœur ; — je ne pus la supporter : je — Mais je rougis de continuer, monteur. Vous me blâmerez, et cependant je ne me douterois pas d’avoir mérité des reproches, si je ne sentois une secrète répugnance à vous avouer la démarche que je me suis permise. Cette inquiétude seule me fait appréhender que j’aie manqué à mon devoir. J’ai déjà fait ma confidence à miss Mirvan, avant que de vous en écrire : me pardonnerez-vous ce passe-droit ? me pardonnerez-vous le projet que j’avois formé de ne vous en point parler du tout ? Mais j’ai bientôt reconnu que par une telle conduite je me rendrois coupable d’une noire ingratitude, et j’aime mieux risquer d’encourir votre censure, que de vous tromper. Ces détours vous auront peut-être déjà fait deviner de quoi il est question. Dans un premier moment de vivacité j’ai adressé que lettre à mylord Orville. Lisez-la, monsieur, je vous la transcris mot à mot :