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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/195

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qui ne fixe pas leur nombre ; les peintures en représentent tantôt trois, tantôt quatre, vêtus d’un bonnet perse et de pantalons. Tantôt l’enfant divin est seul ; tantôt il est sur les genoux de sa mère. Un bas-relief du cimetière de Sainte-Agnès, à Rome, et plusieurs autres monuments représentent un personnage agitant le petit éventail en forme de drapeau devant l’enfant qui vient de naître. Ce symbole ne peut s’interpréter par les deux usages ordinaires de cet instrument, qui sert soit à rafraîchir le visage, soit à chasser les mouches, car la légende fait naître le Christ en plein hiver. Mais il est entièrement védique, comme nous l’avons observé plus haut. La théorie du feu divin, qui vit surtout dans les ministres du culte et éminemment dans le premier d’entre eux, explique aussi pourquoi, malgré l’abolition du rite du flabellum en Occident, le pape fait porter devant lui deux grands éventails en plume de paon dans les solennités.

Pour ne pas fatiguer plus longtemps le lecteur de ces détails d’archéologie chrétienne, je ne citerai plus que deux faits intimement liés à la doctrine secrète du feu divin, et qui montrent comment les premiers chrétiens représentaient leurs propres idées au moyen des anciennes figures. Une des plus souvent reproduites dans les Catacombes est celle de Jonas : ce personnage est vu dans trois moments principaux de sa légende, quand il est dévoré par le monstre, quand il est revomi et quand il repose sous l’arbrisseau. Le mot hébreu qui, dans le livre de Jonas, désigne cet arbuste n’a pas un sens bien connu et a été traduit arbitrairement par lierre ou par courge. Dans les Catacombes les représentations sont presque toujours très-vagues : parmi celles que reproduit le grand ouvrage de Perret, deux seulement ont des formes reconnaissables ; le fruit, qui n’est ni celui du lierre, ni une cucurbite, ressemble exactement au