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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/272

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Dès l’époque du Vêda, sans parler de l’Égypte, dont les documents sont antérieurs à ceux de l’Inde et de la Perse, l’alliance du sacerdoce et de la royauté s’accomplissait dans l’Inde ; cependant la séparation des castes est un fait postérieur à la période des hymnes ou qui en marque tout au plus les derniers temps : fait bien digne de remarque, car il prouve que l’institution politique du brâhmanisme s’est fondée au même moment que son orthodoxie religieuse. Celle-ci devint le plus ferme appui du système social et politique, et ce système à son tour assura une durée pour ainsi dire illimitée à l’orthodoxie indienne.

Les croyances primitives de l’Égypte ne semblent pas avoir été fixées et systématisées avant la fin de la IVe dynastie ; leur ensemble, avec les additions faites par les dynasties qui suivirent, dura jusqu’à la conquête de ce pays par Cambyse. A partir de ce temps elles tombèrent dans une décadence rapide. Voici la peinture que fait un auteur latin du IIe siècle : « Notre terre est le temple du monde entier, et pourtant un jour viendra où toute la piété tombera stérile. L’Égypte sera délaissée. Des étrangers remplissant ce pays, les cultes seront négligés, et, ce qui est plus dur, la religion, le culte divin verront décréter cette peine : la prohibition. Alors cette terre, où s’élèvent des sanctuaires et des temples, sera pleine de tombeaux et de morts. O Égypte, Égypte, de tes religions il ne restera plus que des fables, incroyables même à nos descendants ; il ne restera que des mots gravés sur des pierres et racontant les actes pieux. Les tombeaux dépasseront de beaucoup en nombre les vivants : et si quelqu’un survit, à son langage on le reconnaîtra pour Égyptien, à ses actes il semblera un étranger. » (Apulée, Apol., 24.) Nous savons qu’en vertu de sa constitution cérébrale le peuple égyptien était peu apte à s’élever dans l’ordre des idées au delà