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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/66

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suivit l’exode. C’était le dieu du désert, de la tradition kénite conservée au Sinaï. Kaleb, chef de Juda, Réhuel, beau-père de Moïse et Moïse lui-même étaient kénites. Yahveh était un dieu physique vêtu de lumière, brûlant au ciel comme un buisson ardent, soufflant le vent, ayant pour arme la foudre et pour voix le tonnerre. C’était une espèce d’Indra.

Son symbole était purement égyptien : une arche ou boite fermée, entre deux kérubîm. Il eut aussi pour image un serpent, figurant l’éclair. Sa fête était en automne, au retour de la saison des orages et de la végétation. C’était donc le dieu des pasteurs sémites, menant leurs troupeaux dans les maigres pâturages de la Mer Rouge.

Moïse fit de Yahveh le dieu national des Hébreux, qui eut dans la suite à se mesurer avec Asour. Il tenta pour Israël ce que dans les temps modernes Mahomet a fait pour les Arabes. Au désert, Moïse gardait l’arche sacrée sous une tente où lui seul pénétrait. Il faisait avancer cette boite mystérieuse avec le peuple hébreu, auquel elle assurait la victoire. L’invasion du pays de Canaan se fit au nom de Yahveh. Établis dans la terre promise, les Hébreux élevèrent des temples en l’honneur de Yahveh à Silo, Bethel, Sichem, Hébron et ailleurs. À Dan, Yahveh eut une statue ayant la forme d’un taureau.

Le sacerdoce fut confié à la tribu de Lévi, caste Yahviste sans territoire. Sur la fin des Juges, Samuël établit la première école de prophètes, c’est-à-dire interprètes libres du Yahvisme. David, élevé au trône par une conspiration sacerdotale, resta protecteur des prêtres et des prophètes, transporta l’arche de Silo à Jérusalem, pontifia comme grand-prêtre et immola, pour apaiser Yahveh, deux fils et cinq petits-fils de