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Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/67

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Saul. David n’en conservait pas moins chez lui ses propres idoles.

C’est se tromper que de considérer Yahveh comme l’unique dieu d’Israël. Salomon, qui construisit le grand temple de Jérusalem, en éleva d’autres pour Ashtoreth à Sidon, pour Milkom chez les Ammonites, pour Molock dans le Moab, dont le principal dieu était Kamosh. Du reste le temple de Jérusalem n’avait rien d’original ; il était phénicien et égyptien à la fois : en avant les deux colonnes ou hammanîm, une cour intérieure pour les holocaustes, un bain lustral en cuivre porté par douze taureaux, une salle avec l’autel des parfums, une table pour les pains, dix chandeliers d’or, un sanctuaire contenant l’arche entre deux kéroubîm.

Avec le schisme des dix tribus commença une suite de guerres dont la religion était la cause, Yahveh luttant contre les dieux locaux, prophètes soufflant la discorde, rois féroces, meurtre des familles royales, adorateurs massacrés dans les temples, statues brisées, temples profanés et rasés.

Dès le temps de Salomon, les nécessités du commerce juif avaient fait naître une sorte de littérature libre. Les guerres de religion et leurs horreurs la poussèrent en avant : l’athéisme apparut dès le temps de Hiskia (Ezéchias) et dura jusqu’au jour où le roi d’Assyrie Salmanasar prit Samarie et détruisit le royaume d’Israël.

Le prophétisme n’en continua pas moins une lutte acharnée contre les dieux et leurs symboles. Amos, Hosée, Zacharie, Yéshahya (Isaïe) en vinrent à prêcher, non plus seulement contre les idoles, mais aussi contre le commerce, la navigation, les arts, le luxe, les femmes et leurs parures, et enfin contre l’Assyrie et l’Égypte, ce qui était plus dangereux. À la suite du Yahvisme effréné de Hiskia et de la réaction polythéiste de