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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/104

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— Adieu ! fit-elle encore, et, se laissant glisser vivement de son siège sur le sentier, elle lui sourit de nouveau, montrant, dans ce sourire, entre ses lèvres roses, deux rangées de dents fines et blanches ; puis, elle sautilla comme un oiseau sur le sable du chemin. Maurice la suivit des yeux pendant quelques secondes, ne voyant plus qu’une chevelure dorée et le balancement d’une taille jeune et souple.

— Singulière fille ! dit-il, en s’asseyant un instant à la place même que « son amie » venait de quitter. Bien singulière fille ! De quelle chair est-elle donc faite ? Oui, certes, elle a raison en affirmant qu’elle est bonne. On lit cette bonté, la plus exquise qualité d’une âme loyale, dans la profondeur de ses regards d’enfant. Et comme sa naïveté vous séduit, vous entraîne ! Je commence à croire, en réfléchissant à ce qu’elle m’a confié, que see parents ne doivent pas avoir la conscience absolument tranquille. Comment pourrait-elle être de cette famille ? Impossible, allons donc ! Il n’y a dans son visage, d’une si noble pureté, aucun trait qui rappelle ceux de sa mère. L’affreuse vieille ! Et quelle langue ! C’est une roue de moulin, vraiment, et qui tourne plus