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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/105

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vite que celle d’à côté. Pauvre Yvonnette ! Quelle jeunesse a dû être la tienne, au milieu de ces gens qui n’ont pas d’amitié pour toi et pour lesquels tu n’éprouves aucune sympathie ! Mais, je divague aussi, moi ! Ne voilà-t-il pas que, sans autre preuve que mon désir, j’enlève une fille à sa mère, je déclare qu’Yvonnette n’est pas l’enfant de Catherine Gaudat ? Voyons, pas d’emballement. Toutefois, je jure de ne pas l’abandonner. Je serai pour elle, comme elle le dit, son grand ami, l’ami de son cœur, l’ami de toute sa vie. Veiller sur elle fera ma joie ; la défendre, si jamais elle était menacée, serait mon honneur, ma gloire ! Puisse Dieu nous venir en aide et nous protéger tous les deux !

Ces derniers mots balbutiés comme une prière, Maurice se remit en marche, sans pouvoir toutefois détacher son esprit de l’impression qu’Yvonnette avait produite sur lui. Et, tout en montant la pente de la haute colline, absorbé qu’il était par ces pensées d’un ordre tout nouveau, il ne songeait pas à admirer le beau spectacle qui se déroulait en cette soirée de fin juillet.

Le jour allait sur son déclin. Quelques nuages, du côté suisse, prenaient des teintes