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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/108

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leurs cimes les unes contre les autres. De temps en temps, perçant les bruits réunis, le glapissement du renard fait tressaillir les rares humains qui peuvent se trouver hors de leurs logis. Aux temps déjà loin de nous, quand l’imagination populaire croyait encore à l’existence des sorciers et des sorcières, on disait que, par des nuits semblables, les troupes diaboliques traversaient les airs, se rendant, sur leurs manches à balai, dans les clairières des hautes futaies pour s’y livrer à leurs mystérieuses incantations. Mais, depuis, l’esprit du siècle a détruit les vieilles légendes et l’on sait maintenant qu’il n’y a plus, le long des chemins sombres, que l’un ou l’autre voyageur en retard, quelque amoureux que rien n’effraie, les gens de mauvais aloi et des contrebandiers.

Justement, à l’auberge de Jean Gaudat, Catherine est de nouveau seule. Elle aurait bien dit à Yvonnette de lui tenir compagnie ; mais, si les hommes allaient rentrer, la jeune fille ne devait pas les voir. C’est pourquoi elle l’avait envoyée se coucher, dans une petite chambre placée sous le toit et dont l’unique fenêtre donnait sur la rivière.

Et, à la pensée qu’Yvonnette dormait, l’âme ignorante des misères humaines, un doulou-