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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/107

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bords. Ces parages, désormais, étaient vivants, avaient un réel attrait pour lui. Le désert s’animait : une jeune fille, belle et chaste, ayant la grâce et le charme d’une fée des vieux contes, lui avait dit, en toute sincérité, qu’elle était heureuse de l’appeler son grand ami. Maurice n’était plus seul, son existence avait un but, il savait où il voulait aller, et, sans autre souci, il se laissait bercer par l’illusion de son cœur qui ne’cessait de lui répéter le même nom : Yvonnette ! Yvonnette !…

Et il reprit son chemin, en obliquant à droite, à travers les bois et les pâturages, tandis que le soleil, avant de disparaître derrière les montagnes de France, illuminait encore, comme en une dernière caresse, les choses de la création.


VI


Une nuit très noire, d’un noir d’encre, l’une de ces nuits que l’on aime à passer chez soi avec un bon livre ou une famille aimée, s’étend sur toute la contrée où nous avons conduit le lecteur assez indulgent pour suivre notre récit. Les forêts bruissent sous les rafales du vent ; les arbres crient et choquent