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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/118

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ger ; même en prenant certaines précautions, toute crainte de péril disparaissait, puisque l’on avait la corde comme moyen de sauvetage.


Cependant, les contrebandiers étaient tous arrivés. On avait plaisir à les voir. C’étaient de solides gaillards, aux poignets nerveux, aux jarrets d’acier. Leurs physionomies avaient quelque chose de sauvagement beau. Les barbes hirsutes, des mains qui se nouaient sur de gros bâtons, à la pointe ferrée, arme et soutien tout à la fois. Deux ou trois étaient des Franches-Montagnes, les autres venaient de l’Alsace et de l’Emmenthal. Aussi leur entretien avait-il un accent très pittoresque : c’était un pêle-mêle de français et d’allemand. Maurice avait une grande influence sur eux. Il les traitait en amis plutôt qu’en soldats, et comme, tout en sachant rester juste, il remplissait son rôle de chef avec une rare prudence et une extrême audace, on l’aimait, le respectait et le craignait. C’était une troupe bien disciplinée, qui marchait aux ordres d’un lieutenant de Maurice, quand celui-ci était en avant, faisant le service d’éclaireur. Ce lieutenant s’appelait Emile Brossard et