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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/119

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était lié d’amitié avec notre héros depuis plusieurs années.

On était au mois de novembre. La contrebande battait son plein. Presque toutes les semaines, il y avait un voyage. Mais, à cause de la neige, qui allait sans doute bientôt tomber, on cesserait le métier — l’art de M. Viennot — quitte à le reprendre aux premiers beaux jours du printemps. Ce jour-ià, c’était peut-être leur dernière expédition.

Et on eût vraiment dit que les contrebandiers, sous la conduite de Maurice, devenaient invisibles. Ils n’avaient encore été inquiétés en aucune façon. Aussi la confiance qu’ils avaient en leur chef était-elle grande et justifiée. Ils lui obéissaient à la lettre et s’en trouvaient bien.

On m’a jadis affirmé que si deux contrebandiers vont ensemble sur la frontière, l’un ne songe qu’à trahir l’autre. C’est faux. Si on les prend comme Maurice savait le faire et s’ils sont obligés de reconnaître que l’éclaireur paie de toute sa personne, ils forment une troupe de soldats fidèles, dévoués les uns aux autres, se défendant réciproquement et surtout abhorrant la trahison. Les Judas sont rares, dans le monde qui « opère » sur les