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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/122

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— Allons, mes garçons, commanda enfin le chef, en route ! assez de repos ! Le travail est dur et la nuit est plus tourmentée que je ne le supposais. Cela souffle comme si tous les vents du ciel étaient déchaînés. Une véritable furie. Pourvu, au moins, que nous puissions traverser la rivière ! Une fois dans les côtes de France, bien malin sera le douanier qui nous pincera. Vous voilà prêts, c’est bien ! J’aime cette diligence. À notre retour, c’est moi qui vous régalerai. Bonsoir, la mère !

Jean Gaudat et son fils sortirent les premiers, ensuite Maurice et les contrebandiers. Ils furent bientôt tous à l’endroit où la barque était amarrée.

Le Doubs était gros. Des paquets d’eau se roulaient en désordre par dessus les blocs énormes qui, un peu plus haut, obstruaient presque le lit de la rivière. Une obscurité lourde, épaisse, planant sur les choses, rendait le passage encore plus difficile.

— Oui, dit Maurice en riant, je donnerais bien un képi battant neuf à quelque pauvre diable de gabelou pour que nous soyons déjà de l’autre côté.

— Il nous faudra au moins quatre voyages,