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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/126

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l’œil. Il pensait à Yvonnette, dont il était si rapproché, et à laquelle il ne parlait que de temps à autre, lorsque, descendant sur le Doubs, il la rencontrait par hasard. Mais, il ne fallait pas songer à causer longtemps avec elle, car, dès qu’on les apercevait, la vieille Catherine envoyait la jeune fille se promener ailleurs. Ce manège n’avait pas échappé à Maurice. Il ne s’en expliquait pas la raison. Que craignait-on ? Qu’il n’enlevât Yvonnette, en se faisant d’abord aimer d’elle ? Peur ridicule ! Qu’il ne la séduisît peut-être ? Il la respectait trop et se respectait trop lui-même pour accomplir, de gaieté de cœur, une pareille action. Il est vrai qu’une mère ne saurait veiller avec trop de sollicitude sur son enfant, surtout sur une enfant comme Yvonnette, si belle et si gracieuse, si franche et si naïve. Et, l’esprit tourmenté par le désir de la voir, de lui dire combien il avait de sympathie pour elle, il ne s’endormait pas, il écoutait, vaguement distrait, les eaux de la rivière qui grondaient à deux pas, battant de leurs flots le mur sur lequel on avait construit la maison, toute en bois.

Machinalement, et sans bien se rendre compte de ce qu’il faisait, Maurice se leva et alla