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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/125

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pour l’aller, avec cette différence que, cette fois, le Doubs était tranquille. Un temps de neige se préparait.

— Bon voyage ? questionna Jean Gaudat en abordant.

— Oui, bon voyage ! répliqua Maurice. Mais il nous faut du repos, tant nous sommes fatigués.

Aussi, dès qu’ils furent dans l’auberge, après s’être débarrassés de leurs bâtons, ils allèrent se coucher dans la chambre que Jean Gaudat tenait à leur disposition. Celle-ci, où jadis l’aubergiste avait conduit le comte de Laroche, était située sur le derrière de la maison, avec deux fenêtres, dont l’une s’ouvrait sur le Doubs et l’autre regardait dans la direction du moulin. Au-dessus, Yvonnette avait la sienne, un tout petit réduit, juste assez grand pour abriter sa jeunesse et ses premiers rêves. Le mari et la femme couchaient à côté de la salle de débit et le fils dormait dans un cabinet borgne, près de la cuisine.

Vingt minutes ne s’étaient pas encore écoulées que tout le monde était plongé dans un lourd sommeil, la famille de l’aubergiste aussi bien que les contrebandiers. Seul, Maurice, bien qu’extrêmement las, ne pouvait fermer