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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/128

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sence à l’auberge. Les camarades dormaient. Quant à lui, il n’avait pu trouver le sommeil, et il avait songé à elle, à sa chère Yvonnette, que depuis de longs jours il n’avait pas eu le bonheur de voir. Ah ! que le temps lui durait, loin d’elle ! Aussi n’avait-il pas résisté au désir de lui parler, seul à seule, n’ayant pour témoins de leur entrevue que les pâles étoiles qui fleurissaient le ciel nocturne.

Et se mettant debout, les coudes appuyés sur le rebord de la fenêtre, son visage à côté de celui de la jeune fille, il lui murmura de sa plus douce voix :

— Chère Yvonnette, il faut que je vous fasse un aveu. Depuis le jour où je vous ai rencontrée, sous les rochers, cueillant des fleurs sauvages en plein soleil, je n’ai plus oublié votre aimable sourire, ni l’expression si bonne de vos yeux bleus. Je vous aime, oui, je vous aime profondément. J’aurais déjà voulu vous le dire avant, mais il m’a été impossible. Et vous croirez à ce sentiment que vous m’avez inspiré, car, dès cette heure, je m’engage à vous pour la vie. Aimez-moi donc un peu, je vous en prie. Je suis seul au monde, sans parents ; vous me tiendrez lieu de tout et, un jour, j’espère même sous peu, l’année pro-